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Sur le turn: la théorie
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SUJET: Sur le turn: la théorie

Sur le turn: la théorie le 14 septembre 2010 à 20:06 #50738

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Introduction

Dans cet article:
- Quelles sont vos options sur le turn
- Pourquoi continuer à suivre votre objectif
- Préparation de la river

Dans cet article, vous allez apprendre à appréhender le turn. En premier lieu, il convient de bien comprendre ce qu'est le turn, quelles sont les erreurs qu'il faut y éviter à tout prix et quels sont les objectifs principaux qu'il faut poursuivre.

Pour mettre à profit les éléments de cet article, il est primordial d'avoir lu et compris les articles sur le flop de cette série, car vous y apprenez à établir un plan, que vous poursuivez sur le turn.

Le turn, enfant terrible du NL

Beaucoup de joueurs ont de gros problèmes avec le turn, et le voient comme l'enfant terrible du No-Limit. Ils ne savent bien souvent pas quoi faire, et s'engouffrent dans des lignes tout sauf profitables. À quoi cela est-il dû ?

Le Hold’em repose sur deux facteurs :
- Que pourrait avoir l'adversaire, et/ou, quelles cartes pourraient l'avoir aidé ?
- Quelle est la taille du pot et que devez-vous payer pour avancer vers l'abattage ou vers une amélioration de votre main ?

En premier lieu, vous voulez bien sûr essayer de gagner de l'argent avec une main convenable, ou bien, lorsque vous avez une mauvaise main, de faire coucher l'adversaire. L'important est donc votre main ainsi que celle de l'adversaire, et le prix à payer pour remplir vos objectifs.

Sur toutes les autres streets, le rapport est assez clair. Préflop et sur le flop, vous avez en général peu d'informations sur les mains adverses, mais le montant à investir est faible. Une relance préflop coûte en général 4 BB, un continuation bet environ 6 BB. Puisque vous savez ce que vous pouvez atteindre, ils sont certes précieux à vos yeux, mais, comparé à des tapis de 100 BB, assez bon marché et d'une variance relative.

Sur la river, la situation a complètement changé. Vos informations sur la main adverse sont bien plus précises, et, de plus, plus aucune carte ne viendra. Vous êtes donc soit en tête, soit battu. Bien entendu, cela ne veut pas dire que la situation est beaucoup plus facile. Vous devez vous demander si votre main est suffisante pour voir l'abattage, voire pour un value bet, ou si elle est trop faible et exige un fold ou un bluff. En revanche, la river est de loin la street la plus coûteuse. Cela est tout simplement dû au fait que votre mise, ou call sont liés à la taille du pot, qui est bien entendu plus élevée sur la river.

Le turn se trouve entre les deux, et allie les deux problématiques. Vous ne savez pas encore trop où vous en êtes, les tirages sont encore possibles (des deux côtés), car une carte reste à venir. Le pot, lui, a atteint une taille non négligeable, de sorte que les décisions commencent à être coûteuses. De plus, vous avez bien sûr en tête que le gouffre qu'est la river reste à venir.

Ce grand nombre de problèmes fait que c'est sur le turn que l'on s'expose au plus grand nombre d'erreurs. La plus fréquente de ces erreurs est de devenir trop passif. La passivité souvent adopté sur le turn est dû au fait que l'on sache qu'une mise correcte fait grossir le pot, et fait ainsi doubler la taille d'une mise de 2/3 du pot sur la river.

Cela pousse beaucoup de joueurs à opter pour une approche passive. Non pas parce que c'est, d'un point de vue stratégique, une décision qui leur semble justifiée, mais parce qu'ils ont peur de devoir jouer un gros pot avec une main éventuellement marginale. Ils offrent ainsi à leurs adversaires un terrain d'attaque, car, en plus d'offrir des cartes gratuites, et de laisser ainsi l'adversaire tirer à moindre coût, ils lui permettent de s'emparer du pot en jouant agressivement.

Il est impératif d'éviter cette erreur. Vous devez jouer le turn de la manière que vous jugez juste, et de n'opter pour le contrôle du pot que lorsque cela est nécessaire. Vous devez apprendre à être un bon joueur et à n'avoir pas peur de jouer avec 100 Big blinds à la table, et de les investir lorsque c'est stratégiquement justifié.

Vous devez être meilleur que la moyenne des joueurs, et donc, vous devez vouloir prendre des décisions coûteuses sur le turn et la river. Car, si vous êtes effectivement meilleur que votre concurrence, vous gagnerez, sur la durée, de plus gros pots.

Continuer le plan du flop

Dans l'article sur le jeu sur le flop, vous avez appris comment établir un plan de différentes manières. Dans les mains d'exemple, nous avons toujours traité, en plus des questions : où se situe votre main, et quel est l'objectif d'une mise ou d'une approche passive, la question de savoir quelle serait votre intention sur le turn.

Vous êtes maintenant arrivé à ce point, et c'est donc celui qui vous intéresse. Il s'agit de continuer sur le turn, et de manière crédible, à raconter l'histoire que vous avez entamée sur le flop. Bien sûr, la carte qui tombe joue un rôle, mais votre plan sur le turn trouve son origine dans l'approche choisie sur le flop.

Pour bien illustrer cela, voici un exemple issu de l'article sur le flop :

$25 NL Hold'em (6 handed)

Stacks & Stats
Hero (25)
MP ($25)
CO ($25) (16/13/2.5/21/456) [VPIP/PFR/AF/WTS/Hands]
BU ($25)
SB ($25)
BB ($25)

Preflop: Hero is UTG with
Hero raises to $1.00, 1 fold, CO calls $1.00, 3 folds

Flop: ($2.35) (2 players)
Hero bets $1.50, ...

Les points suivants sont issus de l'analyse de la main :

- „Le problème est que vous êtes hors position, et, qu'en cas de call, vous checkeriez sur le turn.“
- „Votre ligne devrait donc être bet/fold, aussi bien sur le flop que sur le turn.“

La réflexion qui vous a animé sur le flop est toujours valable sur le turn. Dans la première citation, nous considérons l'hypothèse d'un raise flop. Vous y excluez souvent un call car la situation sur le turn serait alors vraiment désagréable.

Dans le deuxième cas, vous partez du principe d'un call adverse. Ici aussi, vous avez les idées claires, et décidé de miser à nouveau sur le turn. Ce plan a été établi sur le flop, et vous devez être conséquent et le poursuivre sur le turn.

La carte du turn n'a pas grande importance dans cette optique. Il y a très peu de cartes qui sont susceptibles de changer radicalement cette approche. Si le tirage couleur arrivait, vous auriez un bon retirage avec le . En théorie, un check deviendrait envisageable, car la protection perdrait en importance (il n'y a plus grand chose à protéger). Mais, dans ce cas également, rien ne s'oppose à une mise, car, vous n'avez pas seulement un (re)tirage, mais aussi top paire top kicker, et souhaiteriez remporter de l'argent avec cette main.

Il est important de bien comprendre quelle histoire vous racontez, et de vous demander si l'adversaire est susceptible d'y croire. C'est pourquoi il convient généralement de s'en tenir au plan établi sur le flop.

Un regard vers l'avant

S'il est important de garder en tête ce qui s'est passé en amont du turn, il est également essentiel de ne pas négliger l'aval. Vous devez savoir ce qui vous attend sans doute sur la river. Ceci est surtout valable si vous jouez passivement et êtes ainsi sensible à la cote. Si vous vous donnez de la cote implicite sur un call marginal, alors vous devez vous demander si vous pouvez vraiment générer ce montant sur la river.

$25 NL Hold'em (6 handed)

Stacks & Stats
Hero ($25)
MP ($25)
CO ($25) (16/13/2.5/21/456) [VPIP/PFR/AF/WTS/Hands]
BU ($25)
SB ($25)
BB ($25)

Preflop: Hero is UTG with
Hero raises to $1.00, 1 fold, CO calls $1.00, 3 folds

Flop: ($2.35) (2 players)

Hero bets $1.50, CO calls$1.50

Turn: ($5.35) (2 players)
Hero checks, CO bets $4.00, Hero calls $4.00

River: ($13.35) (2 players)
Hero bets $9.00, CO fold

Sur le turn, vous avez décidé de modifier votre plan et de jouer passivement. Une des raisons principales est que vous ne souhaitez pas vous faire relancer sur le turn malgré une main tout à fait correcte. Vous n'envisagez pas non plus un check/raise, pourtant possible.

Dans ce cas, et en fonction de l'adversaire, ce n'est pas la pire des approches. Mais que feriez-vous si vous n'aviez pas top paire, mais plutôt une main comme ? Vous auriez joué check/call sur le turn pour essayer de toucher votre couleur. Pour ce call, il vous faudrait une cote implicite gigantesque. Mais pouvez-vous vraiment l'espérer sur la river ? Un check/raise river, en cas de hit, est loin d'être idéal, car l'adversaire prendrait trop souvent l'abattage gratuit. Vous devez donc faire un donk, et afficher ainsi clairement votre main.

Avec les deux mains, ici, vous auriez remporté trop peu d'argent. Avec votre tirage, en jouant trop passivement, vous ne générez pas de fold equity, mais suivez ensuite avec une cote insuffisante, ce qui est une erreur.

En jouant AK comme ci-dessus, on abandonne trop souvent de la value. De plus, le jeu sur la river n'est pas facilité par votre approche. Comment jouer après votre check/call ? Et comment jouer en cas de check behind de l'adversaire ? Vous êtes souvent en tête, et une approche agressive est donc profitable.

C'est justement ce sujet que l'on traitera dans le deuxième article sur le jeu sur le turn, avec bon nombre d'exemples. En plus de l'analyse de la main telle qu'elle est actuellement, il vous faut également vous pencher sur votre plan sur la river, et sur comment donner du sens et de la crédibilité à l'histoire que vous racontez depuis le début de la main.

Contrôle du pot vs. Protection

Cette question devrait surtout vous occuper avec vos mains plutôt marginales. Si vous n'avez pas de main très forte ou vous-même un tirage, vous êtes alors souvent dans une situation où vous ne savez pas exactement où vous en êtes et vous devez donc vous confronter à la problématique citée plus haut. Il est possible que vous négligiez trop souvent la protection afin de garder le pot petit et de ne pas devoir prendre de décision trop coûteuse sur la river.

Ici, il convient, une fois encore, d'observer un autre point important, qui ne l'est bien sûr pas que pour le turn, la position.

Vous souhaitez jouer un maximum de pots en position, comme vous avez pu le constater sur les streets précédentes. Mais une fois sur le turn, cette réflexion ne vous avance pas à grand chose, car, si vous êtes hors position arrivé sur le turn, vous devez prendre une décision. Ce qui est important, c'est de savoir que cela ne changera plus sur la river. Cet inconvénient vous accompagnera maintenant tout le long de la main.

Vous êtes hors position
Ce qui est certain, c'est que la position peut provoquer plusieurs scénarios. En position, vous pouvez contrôler le pot, et également protéger d'avantage. Vous avez toujours le dernier mot. Hors position, vous dépendez toujours de la réponse adverse.

Observez donc maintenant quelques options dont vous disposez sur le turn, que ce soit en position ou hors position :

LE 2ND BARREL
Par second barrel, on entend une mise sur le turn après que vous avez déjà fait un continuation bet flop en étant l'agresseur préflop. Avec un second barrel, vous continuez à raconter votre histoire de la bonne main. La question est simplement de savoir si l'adversaire va l'avaler.

Les options possibles sont claires : si vous avez une très bonne main, alors votre approche est bet/3-bet. Avec un tapis de taille normal, cela signifie souvent que votre 3-bet correspond à un all-in.

Si, en revanche, vous n'avez rien, vous essayez de bluffer et bâtissez tous vos espoirs sur la fold equity. Dans ce cas, votre option doit bien sûr être bet/fold.

Mais un bet/fold n'est pas seulement une option lorsque vous faites un pur bluff, c'est également le move parfait pour savoir où vous vous situez avec une main moyenne.

Le principe qui prévaut : si vous pensez jouer check/call sur une street, alors autant miser. Vous avez de la fold equity supplémentaire, et, en cas de relance, vous pouvez aisément situer votre main. De plus, vous extrayez de la value de la part des mains faibles et des tirages, et vous serez par ailleurs plus aisément payé avec vos mains fortes dans les coups suivants, car votre adversaire peut ainsi plus difficilement savoir avec quelles mains vous misez.

C'est pourquoi le bet/fold est particulièrement bon hors position. D'autant plus que vous n'avez pas vraiment de bonne alternative. Check/call n'est quasiment jamais idéal, car vous distribuez des cartes gratuites et ne construisez pas le pot. Au hold'em, l'agressivité est récompensée. Donc, si vous avez quelque chose de convenable en main, vous devriez miser.

Encore une fois, vous recevez ainsi une information intéressante hors position : si l'adversaire venait à relancer, cela signifierait dans la plupart des cas que vous êtes battu.

D'une part, une relance doit toujours être interprétée comme un plus grand signe de force qu'une mise : beaucoup de joueurs sont en mesure de faire un bluffbet, mais peu maîtrisent les bluffraises. Et parmi ceux qui y recourent, nombreux sont ceux qui choisissent les mauvais spots.

Lorsque cette relance vient après que l'adversaire a suivi préflop et ne s'est pas laissé impressionné par le continuation bet sur le flop, alors, il s'agit très souvent d'un monster. Contre un joueur un tant soit peu normal, ce n'est pas une honte de coucher sa top paire, et c'est même bien souvent l'option la plus raisonnable.

Si toutefois vous êtes hors position et pensez qu'un second barrel n'est pas justifié, alors il vous reste trois possibilités :

- Check/Fold
Vous n'avez absolument rien et pensez que l'adversaire ne couchera quasiment jamais de meilleure main, et que vous n'avez que peu de fold equity. Vous abandonnez la main.

- Check/Call
Avec un check/call vous jouez selon le principe de way ahead / way behind, déjà présenté dans l'article sur le flop. Pour cela, il est important que le tableau ne soit pas propice au tirage, et que l'adversaire aime, certes, à faire des mises de bluff (un float, dans ce cas), mais soit également capable de faire de temps en temps un bluffraise turn, et ne fait pas souvent de calldown avec des mains marginales. Dans ce cas, le check/call est une option.

- Check/Raise
Un check/raise est un assez bon antidote contre les joueurs très agressifs et les floateurs. Si vous savez que votre adversaire misera souvent si vous signalez de la faiblesse par un check, alors le check/raise peut être un bon moyen de maximiser votre value ainsi que votre protection.

Autre avantage : vous pratiquez ainsi le balancing de vos check/folds. C'est-à-dire que, lorsque vous checkez, vos adversaires ne pourront être certains que c'est avec l'intention d'abandonner votre main. En revanche, si vous avez une main très forte et que l'adversaire décide de ne pas miser, alors vous abandonnez de la value.

Vous êtes en position
En position, vous avez bien sûr tous les avantages de votre côté. Villain doit agir en premier, et vous pouvez décider si vous préférez opter pour un check behind ou un call afin de contenir la taille du pot, ou si vous souhaitez faire grossir celle-ci à l'aide d'une mise ou une relance.

Ici aussi, les principes de second barrel sont valables, et s'appliquent aussi bien aux situations hors position qu'en position. Si, en revanche, votre adversaire mise, que ce soit sa deuxième mise après un donk flop, ou un donk turn après un check/call flop, alors, les possibilités s'amoindrissent.

Une relance de bluff est en général très coûteuse, de plus, il est vraiment très difficile d'évaluer votre fold equity. De même, il est fréquent que vous soyez alors commited, et deviez alors suivre un push avec une main marginale.

Vous devez donc analyser si vous êtes encore assez souvent en tête, et si vous vous sentez de risquer votre stack entière sur la river si la situation l'exige. Vous devez alors décider entre un call de way ahead / way behind (en cas de tableau sec) ou une relance qui vous impliquerait dans le pot. Cette dernière ligne vous permet de vous protéger contre les tirages.

La situation est un peu plus compliquée en cas de check adverse. En fonction de votre adversaire, votre main et le tableau, les questions suivantes se posent :

- Bet for free Showdown?
- Checkbehind for Bluffinduce?

Si vous êtes sur le turn avec une bonne main faite, vous avez, en général, ces deux options. Le problème est que les deux lignes ont chacune leurs avantages, et doivent être choisies en étroite relation avec le type d'adversaire.

BET FOR FREE SHOWDOWN
Avec un bet for free showdown (mise pour l'abattage gratuit) vous partez du principe que l'adversaire est en mesure de suivre une mise supplémentaire sur le turn avec une main plus faible ou un tirage, et checkera souvent la river une nouvelle fois. Vous avez donc la possibilité de voir l'abattage à l'aide d'un check behind sur la river, sans devoir suivre de riverbet. Vous avez, pour ainsi dire, acheté l'abattage gratuit sur le turn.

Plusieurs facteurs influencent le succès de cette approche :
- Villain doit être en mesure de suivre une meilleure main ou un tirage sur le turn
- Villain doit rarement recourir à un check/raise turn
- Villain doit être de préférence un joueur plutôt passif, idéalement une calling station
- Vous mettez Villain souvent sur un tirage, de sorte que vous devez de toute façon protéger pour ne pas offrir de carte gratuite
- Vous pensez avoir assez de showdown value, c'est-à-dire que vous pensez pouvoir régulièrement remporter le pot avec un check behind river
- Vous pensez ne pas souvent pouvoir suivre une grosse mise river, dans la mesure où l'adversaire est très passif et bluffera rarement la river

CHECK BEHIND FOR BLUFFINDUCE
Le check behind pour le bluffinduce se base sur une autre supposition. Vous vous voyez certes souvent en tête, mais ne pensez pas que Villain aura souvent un tirage. Ou bien le tableau n'offre que peu de possibilités de tirages, de sorte que vous pensez que le danger de vous faire rattraper sur la river est assez faible.

Plusieurs facteurs influencent le succès de cette approche :
- Votre adversaire est agressif, tendance TAG, LAG, ou Maniac
- Vous ne pensez pas que Villain suivra une main plus faible sur le turn
- Le tableau offre peu de possibilités de tirages
- Vous mettez rarement Villain sur un tirage
- Villain est très agressif et pourrait souvent faire un check/raise sur le turn, vous forçant à abandonner la main
- Vous partez du principe que Villain misera assez souvent la river avec une moins bonne main ou un tirage manqué. Vous pouvez ainsi suivre assez aisément une grosse mise river
- Vous avez éventuellement encore des outs, qui peuvent améliorer d'avantage votre main

Il convient donc de bien prendre votre adversaire et le tableau en considération, et de déterminer ensuite lequel de ces deux moves a la plus grosse espérance de gains.

Dans l'ensemble, on peut dire que :
- Si vous avez une main forte sur un tirage dangereux, alors vous devriez protéger, et donc, miser
- Contre les adversaires agressifs, bet/fold n'est pas la seule option. Si vous partez du principe que l'adversaire est en mesure de jouer un tirage très agressivement, alors bet/call peut être justifié (contre un adversaire agressif).
- Le principe qui doit régir votre jeu est : Bet ! Un check behind n'est envisageable que lorsque, à l'aide des points ci-dessus, vous avez pu établir qu'il présente une espérance de gain supérieure. Si c'est le cas, alors vous pouvez jouer passivement.

JOUER LES TIRAGES : COTE ET COTE IMPLICITE
Nous n'allons pas traiter le jeu avec les tirages trop profondément. Vous êtes censé déjà connaître les principes de cote et cote implicite.

Peu importe que vous vous trouviez en heads-up ou en pot multiple, et que vous soyez en position ou hors position, et quel type de tirage vous avez, les règles suivantes s'appliquent toujours :
- Quel est votre tirage ?
- Combien d'outs avez-vous ?
- Combien d'outs intacts avez-vous ? Avec combien de vos outs pouvez-vous être sûr de toucher la meilleure main ? Combien de vos outs sont éventuellement "endommagés", et pourraient vous donner la seconde main ?
- Quelle cote avez-vous avec vos outs ?
- Votre cote du pot suffit-elle pour votre cote ?
- Pouvez-vous compter sur de la cote implicite sur la river ?

Si vous prenez tous ces points en compte, vous ne devriez pas trop faire d'erreur. Bien sûr, arrivé sur le turn, il ne vous reste qu'une carte, et votre equity est donc réduite. Si vous êtes confronté à une grosse mise, alors vous devez souvent faire un calcul et une évaluation grossière. Car, dès lors que la mise dépasse les 2/3 du pot, il devient difficile de suivre avec un tirage (standard 8-9 outs). De plus, la cote implicite sur laquelle vous pouvez compter arrivé sur la river devient assez précisément évaluable.

La cote implicite dépend ici de...
- ... votre position. En position sur la river, il est beaucoup plus aisé d'extraire de la value. Vous pouvez relancer pour la value. Hors position, si vous checkez, vous prenez le risque d'un check behind river, et, une mise annonce assez clairement votre tirage qui vient de se réaliser.
- ... Le nombre de vos adversaires (plus d'adversaires, plus de cote implicite.)
- ... le type de tableau (est-ce que votre tirage est très évident pour votre adversaire)

Si vous ignorez la cote implicite, ou si vous l'estimez nulle, alors le jeu des tirages sur le turn est purement mathématique (si tant est que vous réussissiez à évaluer correctement votre tirage et sa valeur)

BLUFFS : LE FLOAT
Lorsque nous parlons de bluff, il s'agit avant tout de floats.

Bien sûr, un second barrel avec rien en main, qui ne se base que sur la fold equity, est également un bluff. De même, on peut faire un bluffdonk sur le turn, mais, sur la durée, ce n'est pas vraiment profitable, dans la mesure où pour bluffer, il vous faut raconter une histoire crédible. Pour qu'un bluffdonk soit couronné de succès, il faut bien souvent avoir un bon read sur son adversaire et profiter d'une bonne scarecard sur le turn.

Un bluffraise est bien sûr également envisageable, mais, comme déjà évoqué dans la partie "en position", c'est un move fort coûteux, et à grande variance, et les débutants peuvent tout à fait renoncer à ce move en début de carrière.

Ceci étant dit, revenons au float, qui est un bluff relativement bon marché, qui a, en plus, l'avantage de raconter une histoire crédible.

La mise en œuvre est assez aisée : Vous vous êtes contenté de suivre un bet sur le flop (dans l'idéal, en position). Ceci est surtout le cas lorsque votre adversaire était l'agresseur préflop et fait un contibet. Mais il est également possible que vous optiez pour ce move après un donkbet adverse.

Suite au call sur le flop, vous espérez un check adverse, afin de miser. Villain devra alors abandonner une grosse partie de son éventail.

- en tant que PFA, les contibets sont très fréquents, et les checks turn ne sont pas rares
- les donkbets flop sont souvent le signe d'une main faible, qui désire faire un bet/fold. Ici aussi, vous pouvez souvent remporter le pot

L'espérance de gain est élevée, et, surtout, vous pouvez ainsi faire le balancing de vos mains fortes. Si vous avez une main forte en position sur le flop, vous ne souhaitez pas toujours relancer immédiatement. En revanche, vous devez absolument miser sur le turn si l'adversaire checke. Ainsi, vous alternez, avec une même ligne, les bluffs et les value play avec une main forte, et devenez ainsi plus difficile à lire.

À quoi faire attention lorsque vous voulez faire un float ?
- Vous avez éventuellement un tirage sur le flop et avez ainsi l'avantage de remporter le pot sur le turn, soit par un float, soit en touchant.
- Si vous avez beaucoup d'outs sur le turn, et si vous pensez que l'adversaire est en mesure de faire un check/raise, alors un check behind est peut-être préférable.
- Vous pensez que le float sera plus facilement couronné de succès qu'une relance flop.
- Vous pensez avoir une bonne fold equity.
- Vous avez une main faible avec peu ou pas de showdownvalue. L'objectif du bluff est de faire se coucher une meilleure main. Si vous pensez être en tête, alors un check behind pour le bluff induce peut être justifié. Vous ne voulez pas faire de votre main forte un bluff..
- La carte du turn est une scarecard pour villain, mais pas pour vous. Si vous pensez que Villain a de forte chance d'avoir touché cette carte (par exemple, un tirage vient de se compléter), alors vous devriez renoncer à un bluff. Beaucoup de joueurs agressifs cherchent les check/raise turn.

En résumé

Vous avez, d'une part, appris en quoi le jeu sur le turn peut s'avérer problématique, mais, également, quelles sont les options dont vous disposez.

L'important est de toujours avoir en tête le plan établi sur le flop, et d'essayer de le suivre, autant que faire se peut. Si vous souhaitez bluffer, alors il faut que votre histoire soit crédible, et bien racontée (par exemple, float, 2nd barrel). Si vous pensez être en tête, alors il vous faut protéger. Si vous ne savez pas où votre main se situe, et si vous êtes en position, alors vous pouvez considérer les options bet for free showdown et check turn for bluff induce.

Naturellement, vous devez avoir la river en tête, et savoir dans quelle situation vous vous engouffrez. Après le turnplay, il convient de savoir quelle ligne vous souhaitez adopter à la river. Il est donc très important de se concentrer sur votre turnplay et de le travailler activement.

Dans le deuxième article sur le turn de cette série, nous allons mettre, à l'aide d'exemple, en pratique la théorie présentée ici.
Et c'est qui qui rigole maintenant?
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